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Page:Les Œuvres libres, numéro 3, 1921.djvu/175

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L’Hommeque j’ai tué T^oman inédit par Maurice Rostand A l’Espace et à l’Avenir I Monsieur l’Abbé, vous qui avez reçu ma première confession d’enfant, vous recevrez ma dernière confession d’homme : vous qui avez prêté l’oreille aux crimes ingénus de ma jeunesse, vous connaîtrez mes aveux cruels et le crime inexpiable qui se mesure à la qualité du remords. Lorsque je venais à vous, jadis, dans le secret de votre confessionnal, creusé comme une barque debout, mes humbles péchés enfantins ne parvenaient pas à remplir le vide : votre visage les reflétait comme dans un miroir rustique, les oubliait comme un reflet, les absolvait comme un souvenir. L’immobile église au repos entend maintenant mon pas : voici le prie-dieu où s’asseyaient mes aïeules : sa tablette est creusée et recouverte de noms comme une lettre impassible en route pour une destination inconnue. Tout m’accueille ici