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La Femme en chemin

Roman Inédit

par

Victor Margueritte

I

Ils venaient, sur le lit saccagé, de dénouer leur étreinte. Leurs bras s’allongeaient ainsi que des liens rompus. Anéantis comme après une lutte furieuse ou un vertigineux voyage, ils demeuraient sans un mouvement, renversés sur le dos. Enfin il ouvrit les yeux, la toucha de la main. Elle tressaillit, au contact. Il sourit en apercevant, sous le fouillis doré des fins cheveux, la rose pâmée du visage. Le torse bombait ses coupes, petites et dures. Un genou ployé, l’autre jambe étendue faisaient valoir les nobles plans du ventre et des hanches. Nue, elle semblait plus grande. Il la contemplait de ce regard profond, dont la reconnaissance adoucissait l’orgueil, et dont elle aimait tant l’expression complexe que, soudain, elle se redressait d’un élan, lui jetait au cou son bras frais, et, tête contre épaule, murmurait passionnément : « Mon chéri !... » ’ Mais aujourd’hui, — fatigue plus alanguie,