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(Mœurs populaires)

La Noce à Papa

Nouvelle Inédite

par

Alfred Machard

La noce, repue, écoute béatement chanter le» cri-cri... Ils sont douze, serrés les uns contre les autres, autour d’une table étroite de guinguette, sous l’orbe d’une tonnelle en treillis de bois, peinte en vert, qu’une vigne vierge anémique hérisse çà et là de feuilles recroquevillées. En levant les yeux, on aperçoit un ciel lointain et quadrillé, sombre, sans lune, où charbonnent de mornes étoiles. Des relents de viandes rôties, d’œufs durs en salade et de vins rouges, mêlés à des odeurs complexes d’amidon cui ! et de brillantine à la rose, tournoient dans la brise du soir, au-dessus des convives alanguis. Un bec de gaz en forme de lyre pend du haut de la tonnelle et la flamme large et jaune, frangée de bleue, palpite nerveusement comme un éventail de coquette qui a de mauvais desseins. Autour de cette clarté captieuse il y a un bal de mouches, de moustiques et de papillons de nuit.. Parfois un danseur imprudent répond à l’appel de la llamme et tombe lourdement sur la