Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/187

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de péritoine... et voici d’autre part notre prostate, nos canaux déférents...

Mais j’avais peine à le suivre. Nos éducateurs nous laissent d’ailleurs dans une ignorance si coupable des phénomènes de la génération que je ne comprenais rien à ses dessins.

— Hé ! l’interrompis-je, que m’importent vos hiéroglyphes et votre habileté opératoire. Je suis une femme, et ça me suffit. Je ne vous demande plus qu’un renseignement : éprouverai-je mensuellement les inconvénients de mon nouvel état ?

— Certainement.

— Et aurai-je à redouter la maternité ?

— J’y compte bien.

— Ah ! me voilà bien parti !

Il abandonna sa démonstration, rejeta son crayon et, se rapprochant de mon lit :

— Dites donc, avouez que c’est bien un peu votre tour ! Jusqu’à présent, tout l’agrément de prolonger l’espèce était pour l’homme, toutes les charges pour la femme : il est temps que ça change un peu !... Ne serait-ce qu’à ce point de vue, ma découverte aura au moins une conséquence d’équilibre, de justice !

J’aurais parié qu’il rêvait déjà d’étendre ainsi la justice à toute l’humanité !

— Encore un mot, fis-je. Que vous ayez déraciné et replanté, c’est affaire de chirurgien, et je me l’explique encore. Mais que vous m’ayez donné cette forme qui m’apparaît parfaitement féminine, ici, je n’y vois plus clair. Voyons, ces seins que je n’avais pas ?

— Piqûres d’extraits de mamelles de génisse !... Opothérapie !

— Ces hanches ?...

— Mécanothérapie, massages, phosphates, injections de parafine !

— Et cette chevelure si développée ? — Onctions, vibrations !