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Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/162

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naires. Ce n’était point que ces hommes de police eussent coutume de se montrer rudes aux personnes de sa profession — respectée à Corinthe, considérée même comme revêtue d’un caractère sacré. Pourtant il arrivait que des femmes fussent mêlées, dans les lieux qu’elles fréquentaient, à des contestations, à des rixes où ces gens intervenaient ; et elle avait peur sans savoir pourquoi.

Ils étaient huit commandés par un centurion en cuirasse. Les autres ne portaient que le sagum romain, d’étoffe grossière, une épée courte au côté, un bâton dans la main. Leur nombre prouvait que l’affaire était sérieuse.

— Ordre de Sa Grandeur le Gouverneur Pérégrinus, dit le centurion, montrant un papier. C’est ici la demeure de la nommée Myrrhine, ancienne esclave d’Aphrodite ?

Myrrhine l’admit en baissant la tête.

— Mon devoir, dit cet homme, est de faire des recherches dans ta maison.

Il ajouta que les personnes présentes devraient sortir, après avoir été fouillées, Myrrhine seule étant gardée pour assister aux perquisitions. Elle ne comprenait rien à ces choses, et, ne se sentant coupable de rien, craignait tout. Un instinct secret lui révélait qu’il s’agissait d’un danger mortel, d’une catastrophe mystérieuse où son bonheur et sa vie allaient sombrer. Elle cria :

— Théoctène !…

Et lui tendit les bras. Le centurion fit un geste ; elle les laissa retomber. Mais comme son amant s’élançait pour la rejoindre :

— Ne dis rien ! Ils te feraient du mal !

Alors le centurion poussa les autres, Théoctène, Céphisodore, Philomoros, Cléophon et les filles, dans la rue toute noire. Ils avaient fait valoir leur titre de citoyens romains, mais tout le monde, depuis deux siècles, était citoyen