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Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/19

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Cela montait droit, d’un seul jet, jusqu’en plein ciel. Et le Pic, masqué maintenant par cet écran coulé en lave, ne s’apercevait plus. Tout cela, certes, eût pu sembler un peu bien farouche, si le soleil splendide des Tropiques ne l’eût noyé de lumière vive, et si tant et tant d’or n’eût ruisselé du ciel sur la mer et sur l’île. Il semblait qu’on regardât quelqu’une de ces images pieuses que vénèrent les Orthodoxes icônolâtres, quelqu’une de ces images, où tout est doré, personnages, décors, lointains fonds !

— Comme c’est délicieux ! — s’était tout de suite exclamée Mrs Ashton.

Et Mme Francheville, penchant vite la tête de côté, comme pour mieux admirer, ensemble, et la vue délicieuse, et sa délicieuse amie :

— Et comme c’est fait exprès pour vous encadrer, petite merveille que vous êtes ! — s’écriat-elle, absolument sincère et ravie.

À quatre pas d’elles deux, le comte de la Cadière, qui les admirait, leur fit un grand salut à toutes deux, avant de leur venir baiser la main, à l’une et à l’autre.

III

Le yacht de lord Nettlewood avait quitté Cowes, trois semaines plus tôt, à destination du Ferrol, de Cadix, de Funchal, de Las Palmas, de Santa Cruz et de La Praya. Croisière d’automne. Il est courant, en effet, qu’en septembre le Golfe de Gascogne est moins féroce qu’à l’ordinaire, et qu’en octobre on retrouve, au sud de Gibraltar, la chaude saison juste évadée d’Europe. Lord Netlewood, qui ne l’ignorait pas, avait ainsi choisi l’époque d’emmener une dizaine d’amis visiter les archipels de l’Atlantique africain. Pittoresque promenade, dont personne à bord n’était encore las.