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Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/23

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— constata Henry de la Cadière, péremptoire. (En toutes circonstances, celui-ci s’efforçait à soutenir les faits et dits de Germaine Francheville. À telles enseignes que Mrs Ashton en concevait parfois, — mais secrètement, — une humeur qui ressemblait parfois à de la jalousie.)

Par le fait, l’horizon du Sud-Est, c’est-à-dire l’horizon sous le vent, quoiqu’ayant été jusqu’alors, comme tout le reste du ciel, du bleu le plus azuré, commençait dès ce moment, à s’obscurcir ; — comme si des nuages méchants, et rebelles à toutes les lois normales, se fussent fait un jeu baroque et difficultueux de remonter contre la brise, et d’envahir le firmament précisément du côté opposé à tout ce qu’on eût pu raisonnablement attendre.

Les courants aériens d’en haut n’allaient donc pas comme les courants aériens d’en bas… Et peut-être y avait-il tourbillon ?…

— Heu ! — prononçait dans le même temps le capitaine O’Kennedy, parlant sur son banc de quart, et pour soi seul, — heu !… M’est avis qu’il vaut mieux débarquer la vedette tout de suite et qu’il vaudra mieux la rembarquer avant la Saint-Glinglin : rapport que le temps changerait, d’ici qu’il soit l’âge d’un cochon de lait, sans que j’en fusse outrancièrement surpris, nom de Dieu ! J’oserais même jurer que la journée ne s’achèvera pas comme elle commença… oui, j’oserais même en jurer, nom de Dieu ! si je n’étais point un franc presbytérien, et si ma secte ne m’interdisait expressément de jamais jurer, n’importe quand, comment, pourquoi ni parce que, nom de Dieu !

V

Le flirt de Germaine Francheville et d’Henry de la Cadière avait commencé trois semaines