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Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/37

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l’ombre, — le peintre espagnol Bazan et le prince italien Alghero, qui étaient fort bons amis et causaient volontiers ensemble, seul à seul, avec intimité et en secret, — l’un dit à l’autre, sans plus y songer :

— Cher, avez-vous remarqué comme le sable est fin, sous cette voûte rocheuse ?

Et l’autre répondit :

— On y coucherait !

Dans l’instant, une façon de rafale enveloppa la cime du Pic, secouant assez brutalement l’air chaud et vibrant qui enveloppait les arêtes du roc. Et le vent miaula comme un chat terrifié. Cependant, cela s’apaisa tout de suite. La rafale passée, le temps retomba, mystérieusement, au beau fixe. Et les valets de lord Nettlewood s’occupèrent de choisir une place agréable pour le déjeuner. Car il était une heure après-midi, voire un peu davantage.

XI

On avait dressé le couvert du déjeuner non loin de la caverne au Puits. Un soupçon d’ombre s’allongeait là, parce qu’une aiguille de roc, très longue, et assez large quant à la base, y surgissait, oblique, d’entre les sables. Comme un valet approchait du couvert, le prince Alghero, revenu on ne sait pourquoi, interpella ce valet :

— Oh ! Markham… donnez-moi un verre de sherry, pour que je sois d’une humeur suffisamment amène, et que je puisse sans déshonneur déjeuner agréablement à la table de Sa Seigneurie…

Le valet s’empressa.

— À votre santé ! — toasta le prince Alghero,