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Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/50

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gagner l’autre versant du Pic, plutôt que d’escalader, comme vous m’avez entraîné à le faire, cette abominabie arête de lave qui conduit au sommet fabuleusement élevé de ce Pic. Mon cher ! tout de bon ? vous croyez avantageux d’ascensionner le Pic lui-même ?… Pikum ipsud ?

— Aïe !… — protesta, les nerfs à vif, le comte de la Cadière, qui se piquait de latinité. — Mon cher ! j’ai peur que vous n’ayez pas absolument saisi le réel intérêt de la mission impressionnante qui nous fut confiée par Son Excellente Seigrieurie lord Nettlewood, notre bon hôte… Sans nulle exagération j’ose affirmer, Toto, qu’il ne nous est pas absolument indifférent, à vous, à Mme de Trêves, à moi-même…

— Et à Mmes Ashton et Francheville, — ponctua ledit Toto, comte de Trêves, l’air fort innocent…

Henry de la Cadière ne se fâcha pas pour si peu.

— Aux deux dames que vous dites, aux autres dames que vous ne dites pas, et à tous les messieurs que nous ne disons ni l’un ni l’autre ; bref, à tout ce que la fuyante Feuille de Rose voulut bien déposer sur ces rivages d’une fertilité très relative… Oui ! j’ose affirmer qu’à tous, tant que nous sommes, il ne nous est pas indifférent de savoir si, oui ou non, la susdite Feuille de Rose existe encore ou n’existe plus. Car, dans le premier cas, rien, ou pas grand’ chose ne serait changé à nos us et habitudes ; tandis que, dans le second, nous deviendrions tout de go, comme l’a si nettement défini notre excellent ami don Juan Bazan, des robinsons…

— Ce qui serait roulant ! — commenta Toto, comte de Trêves, dit par sa femme le Pou, et qui avait l’hilarité facile.

— Ou…i, — consentit Henry de la Cadière qui s’amusait moins vite. — Ce serait en effet rou-