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Page:Les Comptes du monde adventureux, t. 2, éd. Frank, 1878.djvu/136

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COMPTE L.

Grande ejl l’erreur de ceux qui appellent amour Dieu parce qu’vn tel nom luy ejl du tout contraire d’autant qu’il tue les fens, & fouuent la perfonne qui le fuyt : ennemy de toute raifon à ceux qui, moins h feruent, plus grands biens reçoiuent : contraire à toute vertu, fans ordre, aueugle, panure, icune, vn arc en main tirant à l’auenlure. Plus donc aueuglez & hors de bon iugement font ceux qui le prennent pour guidon, d’autant qu’incontinent Hz delaiffent le fondement de vertu, pour fuyure leur defordonne’e volunté par le breuuaige d’vn fi doux venin, qu’à la fin s’enyurent des voluplcz tant pufillanimes, que l’affeàion traufporte l’entendement, faifant perdre la cognoiffance de toute perfeâion.

Vn viel Cheualier du Royaume de Pouloigne, demeuré veuf &. fans enfans, pour les grands biens &. richeffes de fa maifon, qui venoyent après fa moit à plufieurs teftes, demeurant, par ce moyen le nom de fes predeceffeurs perdu, entra en l’opinion de fe remarier pour auoir lignée qui peuft fucceder à fes terres. De faict print l’alliance d’vn riche Gentilhomme efgal à fa nobleffe : duquel ayant efpoufé la fille qui eftoit d’vne grande beauté, de l’aage auffi pour fouhaiter mieux qu’vn feu fi vieil & froid, demeura longtemps à faire bien foyble deuoir de contenter fa femme : Laquelle cognoiffant qu’auec les ans de fon mary diminuoit par chacun iour l’effet de l’amour, ne fe contenta d’vn