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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/102

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VIII




 
Vierge, fille d’Égypte, tu emploies en vain remède sur remède,
car il n’y a point de guérison pour toi.
JEREM. 46. 11.



Il serait aussi triste pour le lecteur que fatiguant pour nous-même, de donner jour par jour l’histoire des progrès de la maladie morale dont la jeune actrice était atteinte. Comment peindre d’ailleurs dans notre langage vulgaire ces combats intérieurs de l’âme, ces tourments innommés, ces terreurs vagues qu’un observateur calme eût jugées purement imaginaires ! Qu’il nous suffise de dire que l’œil vigilant de Cornelio, toujours ouvert sur sa fille, voyait avec effroi les symptômes de sa maladie prendre un caractère de plus en plus inquiétant.

Le malheureux père ne restait pas oisif. Si le comte Arriani se fût trouvé encore à Padoue, il l’aurait assassiné pour lui reprendre le talisman fatal dont il lui avait fait présent ; mais il était parti, et Cornelio n’avait pu découvrir la direction qu’il avait prise. Tout ce qu’il put faire, ce fut d’écrire de différents côtés pour tâcher d’obtenir les renseignements qui lui manquaient.

En attendant, il mettait en œuvre toutes les ressources de la médecine particulière dont il avait le secret, avec la douleur de voir ses essences les plus pénétrantes, ses poudres les plus héroïques, échouer contre le mal moral qui rongeait sa fille ;