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LE VOYAGE DE GYLFE.

« La vieille habite à l’orient, dans la forêt de fer ; elle y donne la vie à des enfants qui sont loups. L’un d’eux avalera la lune en empruntant une forme magique. Il se nourrit de la vie des mourants et asperge la terre de sang rouge. L’éclat du soleil s’obscurcira, et l’année suivante tous les vents gémiront. Me comprenez-vous ? »

13. Ganglere demanda : Quel chemin faut-il prendre pour aller de la terre au ciel ? — Har répondit en souriant : Tu ne m’adresses pas cette fois une question raisonnable. N’as-tu pas ouï dire que les dieux ont fait un pont pour unir la terre au ciel ? Ce pont se nomme Bæfrœst ; tu l’as vu, et lui donnes peut-être le nom d’arc-en-ciel. Il est de trois couleurs ; on a employé pour le construire plus d’art et de force que pour tout le reste, ce qui ne l’empêchera pas de crouler quand les fils de Muspelhem y passeront à cheval. Ils seront alors obligés de traverser de grands fleuves à la nage avec leurs chevaux ; c’est de la sorte qu’ils arriveront au but. — Ganglere dit : Il me semble que les dieux n’ont pas construit ce pont avec loyauté, puisqu’il peut se rompre ; ils avaient le pouvoir de le faire selon leur volonté. Har répondit : Les dieux ne méritent point de blâme à ce sujet ; mais rien ne pourra subsister dans l’univers quand les fils de Muspelhem s’armeront en guerre.

14. Ganglere demanda : Que fit Odin lorsque Asgôrd fut bâtie ? — Har répondit : Il commença par établir des magistrats chargés de diriger les destinées des hommes et de prendre soin de la ville. Leur installation