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CHAPITRE XII




Du contentement de l’esprit.

Dans la question des dieux il est des gens qui disent que la divinité n’existe même pas ; d’autres disent qu’elle existe, mais qu’elle n’agit pas, qu’elle ne prend soin de rien, qu’elle ne s’occupe de quoi que ce soit ; une troisième espèce de gens disent qu’elle existe et qu’elle s’occupe, mais seulement des grandes choses du Ciel, et point de ce qui se passe sur la terre ; une quatrième, qu’elle s’occupe de la terre et des hommes, mais seulement d’une manière générale, et point des particuliers ; une cinquième, enfin, dont faisaient partie Ulysse et Socrate, s’en vont disant : « Le moindre mouvement de moi ne t’échappe pas. »

Ce qu’il nous faut donc, et bien avant tout le reste, c’est d’examiner si chacune de ces propositions est vraie ou ne l’est pas. Car, s’il n’y a pas de Dieu, comment la fin de l’homme peut-elle être de suivre les dieux ? S’ils existent, mais sans s’occuper de rien, qu’y a-t-il là encore de raisonnable ? S’ils existent enfin, et s’occupent de quelque chose, mais sans que l’humanité reçoive rien d’eux, et moi pas plus que les autres, par Jupiter ! ici encore qu’y a-t-il de raisonnable ? Le sage accompli, après avoir examiné tout cela, soumet son esprit à celui qui dirige