Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XXIV

La monnaie de papier


C’est à Cambaluc que le grand Khan a son Hôtel de la Monnaie. Il la fabrique de telle façon qu’on peut dire en vérité qu’il possède la pierre philosophale des alchimistes. Il fait prendre l’écorce des mûriers. Comme leurs feuilles servent à nourrir les vers à soie, ils sont en très grand nombre dans toute la contrée. On enlève une fine écorce blanche qui se trouve entre le bois et l’écorce extérieure ; on en fait des feuilles minces comme du papier, puis on les découpe en rondelles qui valent suivant leur grandeur depuis un demi-sou tournois jusqu’à dix pesants d’or[1]. Toutes les rondelles de papier portent le sceau du grand Khan, Sans que cela lui coûte rien, il en fait fabriquer chaque année assez pour payer tous les trésors du monde.

C’est avec cette monnaie qu’il acquitte tout ce qu’il doit. Elle a cours dans ses provinces, ses royaumes et toutes les terres sur lesquelles s’étend son autorité. Quelque valeur qu’il lui assigne, personne n’ose la refuser ; le coupable serait aussitôt mis à mort. Mais tous l’acceptent volontiers, car en quelque endroit qu’ils aillent dans les États du grand Khan,

  1. Depuis deux centimes et demi jusqu’à 75 francs.