Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/16

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ne vont-ils pas faire pour y entrer, pour s’en approprier les trésors ? Ce ne sont pas des risque-tout, mais le courage ne leur manque point. Ils appartiennent à cette forte et patiente race vénitienne qui, après avoir tout combiné, se jette résolument dans l’aventure : commerçants qui, pour s’enrichir, n’hésitent pas à braver la mort.

La route des Indes par l’Asie-Mineure est fermée : pourquoi n’en pas tenter une autre ? Après tout, les chances de succès sont appréciables. L’invasion mongole en est une. Prendre contact avec les Mongols est sans doute le but immédiat que les Polo ont visé en allant à Soudak. Ils sont attentifs aux événements politiques dont dépendent étroitement les intérêts commerciaux. Cette année-là, — le 5 avril 1250, — le roi de France Louis IX, à la tête des Croisés, a été battu et fait prisonnier à la Mansourah. L’effort des Latins pour s’installer en Orient n’a pas réussi. Leur éphémère empire de Constantinople menace ruine. Le commerce vénitien a profité du succès des expéditions religieuses : il risque de pâtir de leur échec. Le monde musulman se resserre dans une attitude de défense et de contre-attaque. Il a, pour champion, substitué au marchand arabe le guerrier turc. Plus que jamais, il voit dans tous les chrétiens des ennemis. La guerre sainte répond à la croisade.

Dans ce duel de la chrétienté et de l’Islam, l’intervention du Mongol paraît providentielle. Les successeurs de Gengis-Khan prétendent dominer l’Asie entière : pourquoi, dans ce dessein ne s’allieraient-ils