Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VIII

Le Turkestan


En quittant Balac, si l’on va par Est-Nord-Est, on chevauche douze jours à travers une contrée déserte où ne vivent que des aigles, des lions et des animaux sauvages. On arrive alors à une ville qui a nom Taican[1] et qui est un grand marché de blé. Le sol est très fertile et vers le sud il y a de hautes montagnes qui sont faites de sel. Tous les habitants, à plus de trente journées alentour, viennent chercher de ce sel, qui est excellent. Il est si dur qu’on ne le peut tailler qu’avec des pics de fer et il est en si grande abondance qu’il suffirait aux besoins, de toute la terre jusqu’à la fin du monde.

Quand on part de cette ville, en chevauchant trois jours par Est-Nord-Est, on rencontre de très belles terres couvertes de moissons et très peuplées. On y peut acheter de tout et il y a des vignes en abondance. Les habitants adorent Mahomet : ils pratiquent la rapine et le meurtre. Ils ont d’excellentes boissons et principalement du vin cuit. Ce sont buveurs acharnés et qui volontiers s’enivrent. Ils portent sur la tête une corde longue de dix paumes dont ils se ceignent le

  1. Thaïkan, ville de Turkestan.