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LES MILLE ET UNE NUITS,

sir d’avoir des enfans me fit acheter une esclave, dont j’eus un fils[1] qui promettoit infiniment. Ma femme en conçut de la jalousie, prit en aversion la mère et l’enfant, et cacha si bien ses sentimens, que je ne les connus que trop tard.

» Cependant mon fils croissoit, et il avoit déjà dix ans, lorsque je fus obligé de faire un voyage. Avant mon départ, je recommandai à ma femme, dont je ne me défiois point, l’esclave et son fils, et je la priai d’en avoir soin pendant mon absence, qui dura une année entière. Elle profita de ce temps-là pour contenter sa haine. Elle s’attacha à la magie ; et quand elle sut assez de cet

  1. La loi civile chez les mahométans, reconnoît pour également légitimes les enfans qui proviennent de trois espèces de mariage permises par leur religion, suivant laquelle on peut licitement acheter, louer ou épouser une ou plusieurs femmes ; de façon que si un homme a de son esclave un fils avant d’en avoir de son épouse, le fils de l’esclave est reconnu pour l’aîné, et jouit des droits d’aînesse à l’exclusion de celui de la femme légitime.