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LES MILLE ET UNE NUITS,

Il tâcha encore d’apaiser le génie. « Hélas ! reprit-il, daignez avoir pitié de moi, en considération de ce que j’ai fait pour vous. » « Je te l’ai déjà dit, repartit le génie, c’est justement pour cette raison que je suis obligé de t’ôter la vie. » « Cela est étrange, répliqua le pêcheur, que vous vouliez absolument rendre le mal pour le bien. Le proverbe dit, que qui fait du bien à celui qui ne le mérite pas, en est toujours mal payé. Je croyois, je l’avoue, que cela étoit faux ; en effet, rien ne choque davantage la raison et les droits de la société ; néanmoins j’éprouve cruellement que cela n’est que trop véritable. » « Ne perdons pas le temps, interrompit le génie, tous tes raisonnemens ne sauroient me détourner de mon dessein. Hâte-toi de dire comment tu souhaites que je te tue. »

La nécessité donne de l’esprit. Le pêcheur s’avisa d’un stratagème. « Puisque je ne saurois éviter la mort, dit-il au génie, je me soumets donc à la volonté de Dieu. Mais avant que je