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CONTES ARABES.

je ne puis vous croire. Ce vase ne pourroit pas seulement contenir un de vos pieds ; comment se peut-il que votre corps y ait été renfermé tout entier ? » « Je te jure pourtant, repartit le génie, que j’y étois tel que tu me vois. Est-ce que tu ne me crois pas, après le grand serment que je t’ai fait ? » « Non vraiment, dit le pêcheur ; et je ne vous croirai point, à moins que vous ne me fassiez voir la chose. »

Alors il se fit une dissolution du corps du génie, qui, se changeant en fumée, s’étendit comme auparavant sur la mer et sur le rivage, et qui, se rassemblant ensuite, commença de rentrer dans le vase, et continua de même par une succession lente et égale, jusqu’à ce qu’il n’en restât plus rien au-dehors. Aussitôt il en sortit une voix qui dit au pêcheur : « Hé bien, incrédule pêcheur, me voici dans le vase ; me crois-tu présentement ? »

Le pêcheur, au lieu de répondre au génie, prit le couvercle de plomb ;