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LES MILLE ET UNE NUITS,

de vouloir m’inspirer d’injustes soupçons ; au lieu de les écouter, je vous avertis que je fais dès ce jour à ce grand homme, pour toute sa vie, une pension de mille sequins par mois. Quand je partagerois avec lui toutes mes richesses et mes états mêmes, je ne le payerois pas assez de ce qu’il a fait pour moi. Je vois ce que c’est, sa vertu excite votre envie ; mais ne croyez pas que je me laisse injustement prévenir contre lui ; je me souviens trop bien de ce qu’un visir dit au roi Sindbad, son maître, pour l’empêcher de faire mourir le prince son fils… »

« Mais, sire, ajouta Scheherazade, le jour qui paroît me défend de poursuivre.» « Je sais bon gré au roi grec, dit Dinarzade, d’avoir eu la fermeté de rejeter la fausse accusation de son visir. » « Si vous louez aujourd’hui la fermeté de ce prince, interrompit Scheherazade, vous condamnerez demain sa foiblesse, si le sultan veut bien que j’achève de raconter cette histoire. » Le sultan, cu-