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LES MILLE ET UNE NUITS,

gence. « Sais-tu bien, dit le roi en le voyant, pourquoi je te mande ici ? » « Non, sire, répondit-il, et j’attends que votre majesté daigne m’en instruire. » « Je t’ai fait venir, reprit le roi, pour me délivrer de toi en te faisant ôter la vie. »

» Il n’est pas possible d’exprimer quel fut l’étonnement du médecin, lorsqu’il entendit prononcer l’arrêt de sa mort. « Sire, dit-il, quel sujet peut avoir votre majesté de me faire mourir ? Quel crime ai-je commis ? » « J’ai appris de bonne part, répliqua le roi, que tu es un espion, et que tu n’es venu dans ma cour que pour attenter à ma vie ; mais pour te prévenir, je veux te ravir la tienne. Frappe, ajouta-t-il au bourreau qui étoit présent, et me délivre d’un perfide qui ne s’est introduit ici que pour m’assassiner. »

» À cet ordre cruel, le médecin jugea bien crue les honneurs et les bienfaits qu’il avoit reçus, lui avoient suscité des ennemis, et que le foible roi s’étoit laissé surprendre à leurs