bouche, jusqu’à ce que le poison, dont chaque feuillet étoit imbu, venant à faire son effet, ce prince se sentit tout-à-coup agité d’un transport extraordinaire ; sa vue se troubla, et il se laissa tomber au pied de son trône avec de grandes convulsions…
À ces mots, Scheherazade apercevant le jour, en avertit le sultan, et cessa de parler. « Ah, ma chère sœur, dit alors Dinarzade, que je suis fâchée que vous n’ayez pas le temps d’achever cette histoire ! Je serois inconsolable si vous perdiez la vie aujourd’hui. « Ma sœur, répondit la sultane, il en sera ce qu’il plaira au sultan ; mais il faut espérer qu’il aura la bonté de suspendre ma mort jusqu’à demain. » Effectivement, Schahriar, loin d’ordonner son trépas ce jour-là, attendit la nuit prochaine avec impatience, tant il avoit d’envie d’apprendre la fin de l’histoire du roi grec, et la suite de celle du pêcheur et du génie.