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CONTES ARABES.

ce qu’il voyoit encore, il faisoit des réflexions sur tous ces différens objets, quand tout-à-coup une voix plaintive, accompagnée de cris lamentables, vint frapper son oreille. Il écouta avec attention, et il entendit distinctement ces tristes paroles : « Ô fortune, qui n’as pu me laisser jouir long-temps d’un heureux sort, et qui m’as rendu le plus infortuné de tous les hommes, cesse de me persécuter, et viens, par une prompte mort, mettre fin à mes douleurs. Hélas ! est-il possible que je sois encore en vie après tous les tourmens que j’ai soufferts ? »

Le sultan touché de ces pitoyables plaintes, se leva pour aller du côté d’où elles étoient parties. Lorsqu’il fut à la porte d’une grande salle, il ouvrit la portière, et vit un jeune homme bien fait, et très-richement vêtu, qui étoit assis sur un trône un peu élevé de terre. La tristesse étoit peinte sur son visage. Le sultan s’approcha de lui, et le salua. Le jeune homme lui rendit son salut, en lui fai-