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LES MILLE ET UNE NUITS,

les plus doux momens de ma vie sont ceux que je passe ici à partager vos douleurs. Je ne puis vivre éloignée de vous, et je préférerois le plaisir de vous voir sans cesse à l’empire de l’univers. »

» À ce discours, qui fut plus d’une fois interrompu par ses soupirs et ses sanglots, je perdis enfin patience. Je me montrai ; et m’approchant d’elle : « Madame, lui dis-je, c’est assez pleurer ; il est temps de mettre fin à une douleur qui nous déshonore tous deux ; c’est trop oublier ce que vous me devez, et ce que vous vous devez à vous-même. » « Sire, me répondit-elle, s’il vous reste encore quelque considération, ou plutôt quelque complaisance pour moi, je vous supplie de ne me pas contraindre. Laissez-moi m’abandonner à mes chagrins mortels ; il est impossible que le temps les diminue. »

« Quand je vis que mes discours, au lieu de la faire rentrer en son devoir, ne servoient qu’à irriter sa fureur, je cessai de lui parler, et me