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CONTES ARABES.

si peu commune. Une compagnie de femmes sans hommes, est pourtant une chose aussi triste qu’une compagnie d’hommes sans femmes. » Il ajouta à ce discours plusieurs choses fort plaisantes pour prouver ce qu’il avançoit. Il n’oublia pas de citer ce qu’on disoit à Bagdad, qu’on n’est pas bien à table, si l’on n’y est quatre ; et enfin il finit en concluant que puisqu’elles étoient trois, elles avoient besoin d’un quatrième.

Les dames se prirent à rire du raisonnement du porteur. Après cela, Zobéïde lui dit d’un air sérieux : « Mon ami, vous poussez un peu trop loin votre indiscrétion ; mais quoique vous ne méritiez pas que j’entre dans aucun détail avec vous, je veux bien toutefois vous dire que nous sommes trois sœurs, qui faisons si secrètement nos affaires, que personne n’en sait rien. Nous avons un trop grand sujet de craindre d’en faire part à des indiscrets ; et un bon auteur que nous avons lu, dit : « Garde ton secret, et ne le révèle à personne : qui le ré-