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LES MILLE ET UNE NUITS,

lui dit-elle. » Puis ayant repris le fouet, elle la maltraita de la même manière. Elle pleura ensuite avec elle, essuya ses pleurs, la baisa, et la remit au porteur à qui l’agréable Amine épargna la peine de la remener au cabinet ; car elle s’en chargea elle-même.

Cependant les trois Calenders, le calife et sa compagnie furent extraordinairement étonnés de cette exécution. Ils ne pouvoient comprendre comment Zobéïde, après avoir fouetté avec tant de force les deux chiennes, animaux immondes, selon la religion musulmane, pleuroit ensuite avec elles, leur essuyoit les larmes, et les baisoit. Ils en murmurèrent en eux-mêmes. Le calife sur-tout, plus impatient que les autres, mouroit d’envie de savoir le sujet d’une action qui paroissoit si étrange, et ne cessoit de faire signe au visir de parler pour s’en informer. Mais le visir tournoit la tête d’un autre côté, jusqu’à ce que pressé par des signes si souvent réitérés, il répondit par d’autres signes,