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CONTES ARABES.

une un jour au haut du palais sur la terrasse, et je me divertissois à en tirer. Il se présenta un oiseau devant moi, je le mirai, mais je le manquai, et la flèche, par hasard, alla donner droit contre l’œil du visir qui prenoit l’air sur la terrasse de sa maison, et le creva. Lorsque j’appris ce malheur, j’en fis faire des excuses au visir, et je lui en fis moi-même ; mais il ne laissa pas d’en conserver un vif ressentiment, dont il me donnoit des marques quand l’occasion s’en présentoit. Il le fit éclater d’une manière barbare, quand il me vit en son pouvoir. Il vint à moi comme un furieux d’abord qu’il m’aperçut ; et enfonçant ses doigts dans mon œil droit, il l’arracha lui-même. Voilà par quelle aventure je suis borgne.

» Mais l’usurpateur ne borna pas là sa cruauté. Il me fit enfermer dans une caisse, et ordonna au bourreau de me porter en cet état fort loin du palais, et de m’abandonner aux oiseaux de proie, après m’avoir coupé la tête. Le bourreau, accompagné