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CONTES ARABES.

cour raisonnablement grande, dans laquelle étoit une citerne profonde, dont on ne se servoit plus.

» Le Bon-homme ayant fait cette acquisition, prit l’habit de derviche[1], pour mener une vie plus retirée, et fit faire plusieurs cellules dans la maison, où il établit en peu de temps une communauté nombreuse de derviches. Sa vertu le fit bientôt connoî-

  1. Dervis ou Derviche ; ce nom, qui signifie pauvre, répond chez les Mahométans à celui de moines chez les Chrétiens. Ils font vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Cependant Mévéléva, leur fondateur, leur a permis de rentrer dans le monde et même de se marier, si leur faiblesse l’exigeoit. Ils portent de grosses chemises de serge, et n’ont qu’un manteau de gros drap, dont ils s’enveloppent. Leurs bonnets ressemblent assez bien à nos feutres, ou grands chapeaux blancs sans bord, et faits de poil de chameaux ; ils ont les jambes nues et la poitrine découverte ; leur ceinture est une lanière de cuir, à laquelle ils attachent des boucles d’ivoire, de porphyre, etc. Outre les jeûnes prescrits par l’Alcoran, ils en observent encore tous les jeudis : il ne leur est permis alors de manger qu’après le coucher du soleil.