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LES MILLE ET UNE NUITS,

maladie qui l’obligea de garder le lit un mois entier. Il n’avoit pas encore entièrement recouvré sa santé, qu’il me fit appeler. « Prince, me dit-il, écoutez l’ordre que j’ai à vous donner : il y va de votre vie si vous ne l’exécutez. » Je l’assurai que j’obéirois exactement. Après quoi, reprenant la parole : « J’avois toujours vécu, poursuivit-il, dans une parfaite félicité, et jamais aucun accident ne l’avoit traversée ; votre arrivée a fait évanouir le bonheur dont je jouissois. Ma fille est morte, son gouverneur n’est plus, et ce n’est que par un miracle que je suis en vie. Vous êtes donc la cause de tous ces malheurs, dont il n’est pas possible que je puisse me consoler. C’est pourquoi retirez-vous en paix ; mais retirez-vous incessamment, je périrois moi-même si vous demeuriez ici davantage ; car je suis persuadé que votre présence porte malheur : c’est tout ce que j’avois à vous dire. Partez, et prenez garde de paroître jamais dans mes états ; aucune considération ne