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CONTES ARABES.

dans lesquels il y avoit de la cendre, du charbon en poudre, et du noir à noircir. Ils mêlèrent toutes ces choses ensemble, et commencèrent à s’en frotter et barbouiller le visage, de manière qu’ils étoient affreux à voir. Après s’être noircis de la sorte, ils se mirent à pleurer, à se lamenter et à se frapper la tête et la poitrine, en criant sans cesse : « Voilà le fruit de notre oisiveté et de nos débauches. »

» Ils passèrent presque toute la nuit dans cette étrange occupation. Ils la cessèrent enfin ; après quoi le vieillard leur apporta de l’eau dont ils se lavèrent le visage et les mains ; ils quittèrent aussi leurs habits, qui étoient gâtés, et en prirent d’autres ; de sorte qu’il ne paroissoit pas qu’ils eussent rien fait des choses étonnantes dont je venois d’être spectateur.

» Jugez, madame, de la contrainte où j’avois été durant tout ce temps-là. J’avois été mille fois tenté de rompre le silence que ces seigneurs m’avoient imposé, pour leur faire des ques-