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LES MILLE ET UNE NUITS,

rent le visage, qu’elles avaient eu couvert jusqu’alors, et quittèrent de longs habits qu’elles portoient par-dessus d’autres plus courts. Mais il fut dans un extrême étonnement de voir que dans cette compagnie qui lui avoit semblé toute composée de femmes, il y avoit dix noirs qui prirent chacun leur maîtresse. La sultane de son côté ne demeura pas long-temps sans amant ; elle frappa des mains en criant : Masoud, Masoud ; et aussitôt un autre noir descendit du haut d’un arbre, et courut à elle avec beaucoup d’empressement.

La pudeur ne me permet pas de raconter tout ce qui se passa entre ces femmes et ces noirs, et c’est un détail qu’il n’est pas besoin de faire. Il suffit de dire que Schahzenan en vit assez pour juger que son frère n’étoit pas moins à plaindre que lui. Les plaisirs de cette troupe amoureuse durèrent jusqu’à minuit. Ils se baignèrent tous ensemble dans une grande pièce d’eau, qui faisoit un des plus beaux ornemens du jardin ; après quoi ayant repris