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LES MILLE ET UNE NUITS,

sité, je pris la première des clefs des autres portes, qui étoient rangées par ordre.

» J’ouvris la première porte, et j’entrai dans un jardin fruitier, auquel je crois que dans l’univers il n’y en a point qui soit comparable. Je ne pense pas même que celui que notre religion nous promet après la mort, puisse le surpasser. La symétrie, la propreté, la disposition admirable des arbres, l’abondance et la diversité des fruits de mille espèces inconnues, leur fraîcheur, leur beauté, tout ravissoit ma vue. Je ne dois pas négliger, madame, de vous faire remarquer que ce jardin délicieux étoit arrosé d’une manière fort singulière : des rigoles creusées avec art et proportion, portoient de l’eau abondamment à la racine des arbres qui en avoient besoin pour pousser leurs premières feuilles et leurs fleurs ; d’autres en portoient moins à ceux dont les fruits étoient déjà noués ; d’autres encore moins à ceux où ils grossissoient ; d’autres n’en portoient que ce