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CONTES ARABES.

qu’elle les eut entre les mains, elle alla prendre une boîte du paquet où étoit sa toilette ; elle en tira un fil garni d’autres bagues de toutes sortes de façons, et le leur montrant : « Savez-vous bien, dit-elle, ce que signifient ces joyaux ? » « Non, répondirent-ils ; mais il ne tiendra qu’à vous de nous l’apprendre. » « Ce sont, reprit-elle, les bagues de tous les hommes à qui j’ai fait part de mes faveurs. Il y en a quatre-vingt-dix-huit bien comptées, que je garde pour me souvenir d’eux. Je vous ai demandé les vôtres pour la même raison, et afin d’avoir la centaine accomplie. Voilà donc, continua-t-elle, cent amans que j’ai eus jusqu’à ce jour, malgré la vigilance et les précautions de ce vilain génie qui ne me quitte pas. Il a beau m’enfermer dans cette caisse de verre, et me tenir cachée au fond de la mer, je ne laisse pas de tromper ses soins. Vous voyez par-là que quand une femme a formé un projet, il n’y a point de mari ni d’amant qui puisse en empêcher l’exécution. Les hom-