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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/106

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LES MILLE ET UNE NUITS,

né, quoiqu’innocemment, un si grand sujet de mortification.

Quand le jeune homme fut parti, continua le tailleur, nous demeurâmes tous fort étonnés de son histoire. Nous jetâmes les yeux sur le barbier, et dîmes qu’il avoit tort, si ce que nous venions d’entendre, étoit véritable. « Messieurs, nous répondit-il en levant la tête qu’il avoit toujours tenue baissée jusqu’alors, le silence que j’ai gardé pendant que ce jeune homme vous a entretenus, vous doit être un témoignage qu’il ne vous a rien avancé dont je ne demeure d’accord. Mais quoi qu’il vous ait pu dire, je soutiens que j’ai dû faire ce que j’ai fait : je vous en rends juges vous-mêmes. Ne s’étoit-il pas jeté dans le péril ; et, sans mon secours, en seroit-il sorti si heureusement ? Il est bien heureux d’en être quitte pour une jambe incommodée. Ne me suis-je pas exposé à un plus grand danger pour le tirer d’une maison où je m’imaginois qu’on le maltraitoit ? A-t-il raison de se plaindre de moi, et de