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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/111

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CONTES ARABES.

temps de rentrer en moi-même et de m’apercevoir que j’avois mal jugé d’eux. Au sortir du bateau, nous fûmes environnés d’une nouvelle troupe de gardes du juge de police, qui nous lièrent et nous menèrent devant le calife. Je me laissai lier comme les autres sans rien dire : que m’eût-il servi de parler et de faire quelque résistance ? C’eût été le moyen de me faire maltraiter par les gardes, qui ne m’auroient pas écouté ; car ce sont des brutaux qui n’entendent point raison. J’étois avec des voleurs ; c’étoit assez pour leur faire croire que j’en devois être un.

» Dès que nous fûmes devant le calife, il ordonna le châtiment de ces dix scélérats. « Qu’on coupe, dit-il, la tête à ces dix voleurs. » Aussitôt le bourreau nous rangea sur une file à la portée de sa main, et par bonheur je me trouvai le dernier. Il coupa la tête aux dix voleurs, en commençant par le premier ; et quand il vint à moi, il s’arrêta. Le calife voyant que le bourreau ne me frappoit pas,