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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/119

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CONTES ARABES.

tion de se réjouir de mon frère. Elle avoit une pièce d’une assez belle étoffe dont il y avoit déjà long-temps qu’elle vouloit se faire un habit. Elle l’enveloppa dans un beau mouchoir de broderie de soie, et la lui envoya par une jeune esclave qu’elle avoit. L’esclave, bien instruite, vint à la boutique du tailleur. « Ma maîtresse vous salue, lui dit-elle, et vous prie de lui faire un habit de la pièce d’étoffe que je vous apporte, sur le modèle de celui qu’elle vous envoie en même temps ; elle change souvent d’habit, et c’est une pratique dont vous serez très-content. » Mon frère ne douta plus que la meûnière ne fût amoureuse de lui. Il crut qu’elle ne lui envoyoit du travail, immédiatement après ce qui s’étoit passé entr’elle et lui, qu’afin de lui marquer qu’elle avoit lu dans le fond de son cœur, et de l’assurer du progrès qu’il avoit fait dans le sien. Prévenu de cette bonne opinion, il chargea l’esclave de dire à sa maîtresse qu’il allait tout quitter pour elle, et que l’ha-