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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/134

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LES MILLE ET UNE NUITS,

pour manger, elle s’apercevoit qu’il étoit brèche-dent, et elle le faisoit remarquer aux esclaves qui en rioient de tout leur cœur avec elle. Bakbarah, qui de temps en temps levoit la tête pour la regarder, et qui la voyoit rire, s’imagina que c’étoit de la joie qu’elle avoit de sa venue, et se flatta que bientôt elle écarteroit ses esclaves pour rester avec lui sans témoins. Elle jugea bien qu’il avoit cette pensée ; et prenant plaisir à l’entretenir dans une erreur si agréable, elle lui dit des douceurs, et lui présenta de sa propre main de tout ce qu’il y avoit de meilleur.

» La collation achevée, on se leva de table. Dix esclaves prirent des instrumens, et commencèrent à jouer et à chanter ; d’autres se mirent à danser. Mon frère, pour faire l’agréable, dansa aussi, et la jeune dame même s’en mêla. Après qu’on eut dansé quelque temps, on s’assit pour prendre haleine. La jeune dame se fit donner un verre de vin, et regarda mon frère en souriant, pour lui mar-