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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/141

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CONTES ARABES.

étoit inutile de lui avoir ôté sa moustache, s’il ne vouloit pas consentir qu’on lui rasât la barbe ; qu’un visage barbu ne convenoit pas avec un habillement de femme ; et qu’elle s’étonnoit qu’un homme qui étoit sur le point de posséder la plus belle personne de Bagdad, fit quelqu’attention à sa barbe. La vieille ajouta au discours de l’esclave de nouvelles raisons ; elle menaça mon frère de la disgrâce de la jeune dame. Enfin elle lui dit tant de choses, qu’il se laissa faire tout ce qu’on voulut.

» Lorsqu’il fut habillé en femme, on le ramena devant la jeune dame, qui se prit si fort à rire en le voyant, qu’elle se renversa sur le sofa où elle étoit assise. Les esclaves en firent autant en frappant des mains, si bien que mon frère demeura fort embarrassé de sa contenance. La jeune dame se releva, et sans cesser de rire, lui dit : « Après la complaisance que vous avez eue pour moi, j’aurois tort de ne pas vous aimer de tout mon cœur ; mais il faut que vous fas-