Aller au contenu

Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
LES MILLE ET UNE NUITS,

par le bras ; il se jeta sur lui en criant au voleur et en lui donnant de grands coups de poing. Les autres aveugles se mirent à crier aussi et à frapper le voleur, qui, de son côté, se défendit le mieux qu’il put. Comme il étoit fort et vigoureux, et qu’il avoit l’avantage de voir où il adressoit ses coups, il en portoit de furieux tantôt à l’un et tantôt à l’autre, quand il pouvoit en avoir la liberté ; et il crioit au voleur encore plus fort que ses ennemis. Les voisins accoururent bientôt au bruit, enfoncèrent la porte, et eurent bien de la peine à séparer les combattans ; mais enfin en étant venus à bout, ils leur demandèrent le sujet de leur différend. « Seigneurs, s’écria mon frère qui n’avoit pas quitté le voleur, cet homme que je tiens, est un voleur, qui est entré ici avec nous pour nous enlever le peu d’argent que nous avons. » Le voleur qui avoit fermé les yeux d’abord qu’il avoit vu paroître les voisins, feignit d’être aveugle, et dit alors : « Seigneurs, c’est un menteur ;