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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/159

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CONTES ARABES.

cinq cents dragmes qui me sont dues. Si vous voulez que mes camarades confessent la vérité de ce que j’avance, faites-leur donner trois fois autant de coups de bâton que j’en ai reçus, vous verrez qu’ils ouvriront les yeux comme moi. »

» Mon frère et les deux autres aveugles voulurent se justifier d’une imposture si horrible ; mais le juge ne daigna pas les écouter. « Scélérats, leur dit-il, c’est donc ainsi que vous contrefaites les aveugles, que vous trompez les gens sous prétexte d’exciter leur charité, et que vous commettez de si méchantes actions ? » « C’est une imposture, s’écria mon frère, il est faux qu’aucun de nous voie clair. Nous en prenons Dieu à témoin ! »

» Tout ce que put dire mon frère fut inutile, ses camarades et lui reçurent chacun deux cent coups de bâton. Le juge attendoit toujours qu’ils ouvrissent les yeux, et attribuoit à une grande obstination ce qui n’étoit que l’effet d’une impuissance absolue. Pen-