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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/165

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CONTES ARABES.

je le publie, reprit le vieillard du même ton ? Sachez, ajouta-t-il en s’adressant au peuple, qu’au lieu de vendre de la chair de mouton, comme il le doit, il vend de la chair humaine ! » « Vous êtes un imposteur, lui repartit mon frère. » « Non, non, dit alors le vieillard ; à l’heure que je vous parle, il y a un homme égorgé et attaché au dehors de votre boutique comme un mouton ; qu’on y aille, et l’on verra si je dis la vérité. »

» Avant que d’ouvrir le coffre où étoient les feuilles, mon frère avoit tué un mouton ce jour-là, l’avoit accommodé et exposé hors de sa boutique selon sa coutume. Il protesta que ce que disoit le vieillard étoit faux ; mais malgré ses protestations, la populace crédule se laissant prévenir contre un homme accusé d’un fait si atroce, voulut en être éclaircie sur-le-champ. Elle obligea mon frère à lâcher le vieillard, s’assura de lui-même, et courut en fureur jusqu’à sa boutique, où elle vit l’homme égorgé et attaché, comme l’accusateur l’avait