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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/185

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CONTES ARABES.

un regard terrible, et lui donnerai un bon soufflet sur la joue, en la repoussant du pied si vigoureusement, qu’elle ira tomber bien loin au-delà du sofa.

» Mon frère étoit tellement absorbé dans ses visions chimériques, qu’il représenta l’action avec son pied, comme si elle eût été réelle, et par malheur il en frappa si rudement son panier plein de verrerie, qu’il le jeta du haut de sa boutique dans la rue, de manière que toute la verrerie fut brisée en mille morceaux.

» Le tailleur son voisin qui avoit ouï l’extravagance de son discours, fit un grand éclat de rire lorsqu’il vit tomber le panier. « Oh, que tu es un indigne homme, dit-il à mon frère ! Ne devrois-tu pas mourir de honte de maltraiter ainsi une jeune épouse qui ne t’a donné aucun sujet de te plaindre d’elle ? Il faut que tu sois bien brutal pour mépriser les pleurs et les charmes d’une si aimable personne. Si j’étois à la place du grand visir, ton beau-père, je te ferois donner