fique : elle étoit toute de marbre, ornée de peintures à feuillages d’or et d’azur ; elle avoit un jardin où l’on voyoit de très-beaux jets d’eau. Je la meublai, non pas à la vérité aussi richement que la magnificence du lieu le demandoit, mais du moins assez proprement pour un jeune homme de ma condition. Elle avoit autrefois appartenu à un des pricipaux seigneurs de la ville, nommé Modoun Abdalraham, et elle appartenoit alors à un riche marchand joaillier, à qui je n’en payois que deux scherifs[1] par mois. J’avois un assez grand nombre de domestiques ; je vivois honorablement, je donnois quelquefois à manger aux gens avec qui j’avois fait connoissance, et quelquefois j’allois manger chez eux : c’est ainsi que je passois le temps à Damas en attendant le retour de mon père. Aucune passion ne troubloit mon repos ; et le commerce des honnêtes
- ↑ Un scherif est la même chose qu’un sequin. Ce mot est dans nos anciens auteurs.