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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/239

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CONTES ARABES.

la taille fine, un air aisé, et une physionomie si engageante, qu’on ne pouvoit le voir sans l’aimer d’abord. Quand il parloit, il s’exprimoit toujours en des termes propres et choisis, avec un tour agréable et nouveau ; le son de sa voix avoit même quelque chose qui charmoit tous ceux qui l’entendoient. Avec cela, comme il avoit beaucoup d’esprit et de jugement, il pensoit et parloit de toutes choses avec une justesse admirable. Il avoit tant de retenue et de modestie, qu’il n’avançoit rien qu’après avoir pris toutes les précautions possibles pour ne pas donner lieu de soupçonner qu’il préférât son sentiment à celui des autres.

Étant fait comme je viens de le représenter, il ne faut pas s’étonner si Ebn Thaher l’avoit distingué des autres jeunes seigneurs de la cour, dont la plupart avoient les vices opposés à ses vertus. Un jour que ce prince étoit chez Ebn Thaher, ils virent arriver une dame montée sur une mule noire et blanche, au milieu de dix femmes