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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/262

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LES MILLE ET UNE NUITS,

vous jeter dans un précipice d’où vous ne vous tirerez jamais. »

Ebn Thaher n’eut pas le temps d’en dire davantage, parce que Schemselnihar arriva. Elle se plaça sur son trône et les salua tous deux par une inclination de tête. Mais elle arrêta ses yeux sur le prince de Perse, et ils se parlèrent l’un et l’autre un langage muet entremêlé de soupirs, par lequel en peu de momens ils se dirent plus de choses qu’ils n’en auroient pu se dire en beaucoup de temps. Plus Schemselnihar regardoit le prince, plus elle trouvoit dans ses regards de quoi se confirmer dans la pensée qu’il ne lui étoit pas indifférent ; et Schemselnihar déjà persuadée de la passion du prince, s’estimoit la plus heureuse personne du monde. Elle détourna enfin les yeux de dessus lui pour commander que les premières femmes qui avoient commencé de chanter, s’approchassent. Elles se levèrent ; et pendant qu’elles s’avançoient, les femmes noires qui sortirent de l’allée où elles étoient, apportèrent leurs