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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/278

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LES MILLE ET UNE NUITS,

ra toute votre peine, et vous pourrez vous en consoler par l’espérance de me revoir. Pour moi, juste ciel, à quelle rigoureuse épreuve suis-je réduite ? Je ne serai pas seulement privée de la vue de ce que j’aime uniquement, il me faudra soutenir celle d’un objet que vous m’avez rendu odieux ! L’arrivée du calife ne me fera-t-elle pas souvenir de votre départ ? Et comment, occupée de votre chère image, pourrai-je montrer à ce prince la joie qu’il a remarquée dans mes yeux toutes les fois qu’il m’est venu voir ? J’aurai l’esprit distrait en lui parlant ; et les moindres complaisances que j’aurai pour son amour, seront autant de coups de poignard qui me perceront le cœur. Pourrai-je goûter ses paroles obligeantes et ses caresses ? Jugez, prince, à quels tourmens je serai exposée dès que je ne vous verrai plus. » Les larmes qu’elle laissa couler alors, et les sanglots l’empêchèrent d’en dire davantage. Le prince de Perse voulut lui repartir ; mais il n’en eut pas la force : sa