Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
CONTES ARABES.

ché de tous ces objets éclatans qui faisoient tant de plaisir à Ebn Thaher. Il n’avoit des yeux que pour regarder Schemselnihar, et la présence du calife le plongeoit dans une affliction inconcevable. « Cher Ebn Thaher, dit-il, plût à Dieu que j’eusse l’esprit assez libre pour ne m’arrêter, comme vous, qu’à ce qui devroit me causer de l’admiration ! Mais, hélas, je suis dans un état bien différent ! Tous ces objets ne servent qu’à augmenter mon tourment. Puis-je voir le calife tête à tête avec ce que j’aime, et ne pas mourir de désespoir ? Faut-il qu’un amour aussi tendre que le mien soit troublé par un rival si puissant ! Ciel, que mon destin est bizarre et cruel ! Il n’y a qu’un moment que je m’estimois l’amant du monde le plus fortuné, et dans cet instant je me sens frapper le cœur d’un coup qui me donne la mort. Je n’y puis résister, mon cher Ebn Thaher ; ma patience est à bout ; mon mal m’accable, et mon courage y succombe. » En prononçant ces derniers mots, il