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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/295

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CONTES ARABES.

lendemain. Cependant, pour contribuer à le réjouir, il lui donna le soir un concert de voix et d’instrumens ; mais ce concert ne servit qu’à rappeler dans la mémoire du prince celui du soir précédent, et irrita ses ennuis au lieu de les soulager, de sorte que le jour suivant son mal parut avoir augmenté. Alors Ebn Thaher ne s’opposa plus au dessein que le prince avoit de se retirer dans sa maison. Il prit soin lui-même de l’y faire porter ; il l’accompagna, et quand il se vit seul avec lui dans son appartement, il lui représenta toutes les raisons qu’il avoit de faire un généreux effort pour vaincre une passion dont la fin ne pouvoit être heureuse ni pour lui, ni pour la favorite. « Ah, cher Ebn Thaher, s’écria le prince, qu’il vous est aisé de donner ce conseil, mais qu’il m’est difficile de le suivre ! J’en conçois toute l’importance, sans pouvoir en profiter. Je l’ai déjà dit, j’emporterai avec moi dans le tombeau l’amour que j’ai pour Schemselnihar. » Lorsqu’Ebn Thaher vit qu’il ne pour-