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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/300

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LES MILLE ET UNE NUITS,

au prince cette triste nouvelle, que les larmes lui vinrent aux yeux ; il ne put repartir un seul mot, tant il avoit le cœur serré. « Prince, reprit alors Ebn Thaher, permettez-moi de vous remontrer que vous êtes trop ingénieux à vous tourmenter. Au nom de Dieu, essuyez vos larmes : quelqu’un de vos gens peut entrer en ce moment, et vous savez avec quel soin vous devez cacher vos sentimens, qui pourroient être démêlés par-là. » Quelque chose que put dire ce judicieux confident, il ne fut pas possible au prince de retenir ses pleurs. « Sage Ebn Thaher, s’écria-t-il, quand l’usage de la parole lui fut revenu, je puis bien empêcher ma langue de révéler le secret de mon cœur ; mais je n’ai pas de pouvoir sur mes larmes, dans un si grand sujet de craindre pour Schemselnihar. Si cet adorable et unique objet de mes désirs n’étoit plus au monde, je ne lui survivrois pas un moment. » « Rejetez une pensée si affligeante, répliqua Ebn Thaher : Schemselni-