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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/309

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CONTES ARABES.

sentement. Je viens vous dire que Schemselnihar m’a envoyé sa confidente pour me demander de vos nouvelles, et en même temps pour m’informer des siennes. Vous jugez bien que je ne lui ai rien dit qui ne lui ait confirmé l’excès de votre amour pour sa maîtresse, et la constance avec laquelle vous l’aimez. » Ebn Thaher lui fit ensuite un détail exact de tout ce que lui avoit dit l’esclave confidente. Le prince l’écouta avec tous les différens mouvemens de crainte, de jalousie, de tendresse et de compassion que son discours lui inspira, faisant sur chaque chose qu’il entendoit, toutes les réflexions affligeantes ou consolantes dont un amant aussi passionné qu’il l’étoit, pouvoit être capable.

Leur conversation dura si long-temps, que la nuit se trouvant fort avancée, le prince de Perse obligea Ebn Thaher à demeurer chez lui. Le lendemain matin, comme ce fidèle ami s’en retournoit au logis, il vit venir à lui une femme qu’il reconnut pour la confidente de Schemsel-